Un grand merci à Florian Rochet de l'université de Pau et des pays de l'Adour de m'avoir cité dans son mémoire : "Réflexions sur le cheminement poétique du voyage". J'ai été très heureux de contribuer modestement à son étude scientifique, bien menée et particulièrement éclairante. Mon voyage m'est apparu sous un nouveau jour. Très enrichissant. Voici quelques extraits :
"A. Salomone cherche à l’étranger « de l’authenticité » et à découvrir une culture « brute » qu’il oppose à la fréquentation de « lieux touristiques ». Tout d’abord « l’authenticité », synonyme de vérité, étymologiquement a pour origine « authentikos » et « authentia » termes grecs qui signifient « qui fait autorité et qui ne peut être attaqué, remis en question». L’autorité est le symbole du divin ou du pouvoir juridique, royal ou encore militaire, et cette autorité par son caractère « tranchant » et son pouvoir de distinction fait parti du schème de l’ascension. Dans sa réponse, l’intention de l’auteur n’est pas d’user d’un quelconque pouvoir, mais plutôt de découvrir des cultures qui font autorité par leur caractère véritable. Néanmoins, il affiche un souhait de distinction entre des lieux « authentiques » et des lieux « touristiques », ces derniers étant dévalorisés dans le choix qu’il fait. A. Salomone est donc bien dans le schème de l’antithèse. De plus, l’auteur nous a envoyé un passage de son livre « Le cycle des rencontres », qui est plein d’images « idéalistes ». Il y raconte qu’au départ de son voyage il était « un jeune épris d’aventures et d’épopées », aventures et épopées sont des symboles du Héros archétypal, un « produit » du divin puisque le héros est un homme « pur » de grande destinée, il reflète d’une vision ascendante du voyage. Et parmi les références littéraires choisies par A. Salomone il y a « Don Quichotte » de M. de Cervantès, épopée armée qui ne dément pas le schème idéalisant pour G. Durand. Toujours dans l’extrait de son livre, A. Salomone dit avoir « cassé ses chaînes » et « les liens qui l’emprisonnent ». La brisure, nous l’avons écrit, se confond avec le symbole du couteau, du glaive, des armes du héros et dans beaucoup de sociétés, l’acte de coupure est un rituel de passage pour sortir de l’enfance et s’élever vers l’âge adulte, tel semble être le souhait de l’auteur."
"On note aussi dans ce passage une gigantisation du voyage : « Je me suis fixé un objectif démesuré, grandiose, à la hauteur de mon envie de découvrir ». Néanmoins, la seconde partie du texte rejoint des volontés progressistes, par une harmonisation des contraires. La gigantisation que nous venons de voir est reliée au sentiment de mise en miniature de l’auteur qui se sent «tout petit, minuscule, fragile ». Puis A. Salomone écrit avoir compris qu’il voyageait pour se dépasser, pour entrer « en pénitence », attiré par la souffrance et les « frontières de son être ». On retrouve la métaphore de l’initiation religieuse et du sacrifice annonciateur de la résurrection, symboles du schème cyclique.360 L’auteur a choisi pour références plusieurs oeuvres qui appartiennent au genre dramatique tel « Le Cid »de P.Corneille, « Croc blanc » de J. London et les oeuvres d’A. Dumas. Pour G. Durand le drame et le mythe dramatique sont isomorphes des rites initiatiques et des volontés synthétiques car « Tout drame au sens large auquel nous l’entendons, est toujours au moins à deux personnages : l’un représentant le désir de vie et d’éternité, l’autre qui entrave la quête du premier. ». Le drame est donc chargé d’intentions progressistes, par des valeurs « nocturnes » il tente de transmettre l’idée qu’il faut transcender la peur de sa destinée tragique. A. Salomone cite aussi « L’alchimiste » de P. Coelho, un conte philosophique quiconduit le protagoniste à prendre conscience de sa légende personnelle, que l’on peut appeler substance intime, pour aller vers son accomplissement. Dans le schème progressiste l’alchimie est symbole de la fécondité, de la naissance ou de la renaissance de l’être par la substance intime"
"D’ailleurs, nous avons pu interroger A. Salomone sur son attirance pour la nature. Après nous avoir listé quelques images, il a résumé sa réponse dans cette simple phrase : « J'ai besoin d'elle comme un enfant a besoin de sa mère ! »
"A. Salomone a aussi choisi le vélo pour « une proximité avec les peuples », image que nous venons d’analyser, mais aussi pour une recherche de mérite, ce qui peut correspondre à un souhait d’ascendance mais pas seulement. Pour lui, l’effort permet d’apprécier un paysage, une culture ou un repas généreusement offert. On peut rapprocher « l’apprécier » des valeurs affectives et intimes, de l’archétype de la Substance intime et la générosité des archétypes du Maternel et du Fils, donc globalement, on observe un trajet qui va de la descente vers le cycle, vers le temps répété par la reproduction ou plutôt la transmission ici (d’un repas)."